VAN GOGH, LES HUGUENOTS ET LES PROTESTANTS...

Je suis né dans une famille protestante. J’ai été présenté au Temple Protestant de Petit-Wasmes, en Belgique, en 1958. En 1878 Vincent VAN GOGH, qui comme tout le monde le sait, deviendra un célèbre peintre, arrive en tant que missionnaire dans cette région en décembre 1878. En février 1879, il est engagé en tant qu’évangéliste pour une période d’essai de six mois comme prêcheur chez les mineurs de charbon (plus tard mon grand-père sera mineur dans cette région). Vincent était logé chez un boulanger et il prêchera au centre protestant "Salon de Bebé". Il est bouleversé par la misère et les difficultés de vie des mineurs. Avril : il descend au fond de la mine de Marcasse (900 m.) pour voir la réalité du travail des mineurs. 17 avril : explosion de grisou à la mine. Pour les aider, Vincent se dépouille de ses vêtements, de son argent, et vit en extrême pauvreté. Il quitte son logement chez le boulanger pour s'installer dans une cabane humide où il risquera de mourir. Il commence à dessiner. Il ne prêche plus, ne donne plus d'enseignement, il a l'allure d'un mendiant. Juillet : les membres de l'Ecole Belge d'Evangélisation qui sont offusqués de son apparence, le démettent de ses fonctions. Van Gogh n’officiera pas dans le temple protestant. Ce dernier ne sera érigé qu’en 1897, soit une vingtaine années après son passage dans le Borinage. Plusieurs pasteurs évangélistes vont se succéder et notamment le pasteur Husquin. C’est ce dernier qui m’a présenté au Seigneur.

Mes arrières grand-parents étaient aussi protestants et j’ai la Bible protestante de mon arrière grand-père à la maison. Elle date de 1850.

Mes grand-parents maternels étaient des membres très actifs dans l’Armée du Salut, organisation protestante, fondée le 2 juillet 1865 par le pasteur William Booth en Angleterre. Ma mère et sa soeur étaient toutes les deux engagées dans l’Armée du Salut.

Du côté de mon père, ma famille est de tradition protestante réformée.

Je me souviens que mes grand-parents portaient la “Croix Huguenote” ainsi que ma mère et d’autres membres de ma famille. Moi même je la porte encore. C’est un symbole qui a été transmis à travers les générations dans ma famille.

Celle que je possède m’a été donné par un jeune suisse lors d’un séminaire dans le sud-ouest de la France. Un matin, il m’a apporté sa croix huguenote en argent en me disant qu’elle était tombée alors qu’il prenait sa douche ce matin là. Et il a eu l’impression qu’il devait me la donner… Il ne savait pas que c’était mon anniversaire et que cette croix me reconnectait à mes ancêtres.

La croix huguenote (voir illustration ci-dessous) avec la colombe en pendentif semble avoir été créée par l’orfèvre nîmois Maystre, vers 1688. Elle dérive de la Croix de Malte et présente une analogie avec la Croix de l’Ordre du St Esprit institué en 1578 par le roi de France Henri III.

Emprunté au symbolisme de la Royauté persécutrice, cet insigne porté par les femmes réformées était irréprochable et marquait par ailleurs la différence avec la Croix latine, de caractère catholique accusé, dont Théodore de Bèze avait récusé la figure matérielle.

Hommage héroïque de fidélité au Roi (en dépit de la persécution), ou signe de reconnaissance habilement camouflé, la Croix huguenote dut sans doute son succès à son ambiguïté. La croix au centre nous rappelle Yéshoua, les “Lys de France” représentent les chaînes de l’amour du Père et la colombe symbolise le Saint-Esprit.

Mais qui sont les “Huguenots” ?

Tiré de l’Encyclopédie du Protestantisme que m’a légué ma tante:

Ce mot est apparu à Genève vers 1536. Il serait tiré du suisse allemand: “anguenotz” (confédéré).

La réforme “protestante” a été initiée par Martin Luther, un moine allemand, en 1517, à Wittenberg. Celui-ci a été suivi ou imité notamment par Jean Calvin (français) et Ulrich Zwingli (suisse).

En France, la mort d’Henri III éteignit la maison de Valois. Alors, Henri de Navarre, premier de la lignée des Bourbons, devint roi de France sous le nom d’Henri IV. Pour éviter toute guerre civile ultérieure, il se convertit au catholicisme en 1593. En 1598, Henri IV publia l’édit de Nantes, par lequel les huguenots se voyaient octroyer une liberté religieuse pratiquement complète. Le mot « huguenot » est attaché aux protestants émigrés hors de France à la suite des troubles religieux ou des persécutions, d'abord lors du « premier Refuge » des années 1560, avec un maximum après le massacre de la Saint-Barthélemy, puis lors d'une deuxième vague, déclenchée sous Louis XIV par les dragonnades et par la révocation de l'édit de Nantes le 18 octobre 1685. Plus de 200 000 personnes, peut-être 300 000, quittent alors la France. La plupart venaient de la classe moyenne ou bourgeoise et même aristocrate.

Plusieurs d’entre eux étaient bijoutiers ou horlogers. Ceux-ci vont s’installer en Suisse, notamment dans la région du Lac de Joux, le Val de Travers et la Côte aux Fées. Parmi ceux-ci, on compte les célèbres familles Piaget, Breguet, Jules Audemart, etc. D’autres familles telles que les “Du Plessis” vont s’installer en Afrique du Sud et jusqu’au Canada (Maurice Du Plessis a été Premier Ministre de 1944 à 1959). Les huguenots français qui étaient vignerons, ont apporté avec eux des plants de vigne et les ont plantés dans une région de l’Afrique du Sud qui s’appelle “Frans Hoek” (le coin des français, en néerlandais car c’était une colonie de la Hollande). En persécutant ses huguenots, la France a perdu non seulement des fidèles citoyens mais leurs revenus et leurs talents… La révocation de l'édit de Nantes a aussi pour conséquences indirectes des soulèvements de protestants, comme la guerre des camisards des Cévennes, et une très forte érosion du nombre des protestants vivant en France, par l'exil ou la conversion progressive au catholicisme.

Après Louis XIV, le protestantisme reste interdit. Mais l'interdiction est appliquée de façon progressivement moins militante, et de nombreuses communautés protestantes subsistent.

En 1787, Louis XVI institue l'édit de Versailles, qui met fin aux persécutions. Mais il faudra attendre la Révolution française de 1789 pour que le protestantisme retrouve totalement droit de cité.

Par extension, le terme huguenot est parfois aussi utilisé pour désigner le refuge wallon : les protestants des Pays-Bas espagnols méridionaux (soit l'actuelle Belgique flamande et wallonne ainsi que le département français du Nord), férocement persécutés entre 1567 et 1585 (William Tyndale, célèbre traducteur de la Bible, a été mis à mort à Vilvoorde (Belgique) en 1536). Les huguenots se sont massivement réfugiés en Angleterre et aux Provinces-Unies (Pays-Bas actuels), où ils ont fondé les Églises “wallonnes” (francophones), qui ont accueilli par la suite les réfugiés huguenots français et qui existent encore de nos jours notamment à Amsterdam et à La Haye.

Peu de gens savent que Martin Luther King était pasteur baptiste et soutenait le droit d’exister d’Israël. Le regretté Pasteur Jean-Marc Thobois, d’origine “huguenote” soutenait lui aussi Israël. Sans oublier Adolphe Hunziker (suisse), Claude Duvernoy (français) et Pierre Despagne (français) qui eux aussi, ont courageusement soutenu les Juifs et le pays d’Israël.

Si vous voulez en savoir plus sur l’Histoire des Huguenots, je vous conseille de vous rendre sur le site du “Musée du Désert”.

Luc HENRIST, 23 décembre 2024

Luc Henrist